Malgré les accords internationaux, une analyse révèle que les sociétés forestières ne garantissent pas la protection environnementale d’au moins 11,7 millions d’hectares de forêt tropicale.

Une nouvelle analyse portant sur 100 des plus grosses entreprises de bois tropical et de pâte à papier, publiée par l’ONG de conservation de la nature ZSL, montre que : 

  • Plus de la moitié (54%) des entreprises ne s’engagent pas publiquement à protéger la biodiversité (49 sur 90) ; 
  • 44n’ont toujours pas d’engagementzéro déforestation(40 sur 90) ; 
  • Seules 37% publient des informations indiquant qu’elles conservent l’environnement, par exemple en restaurant les écosystèmes de rivières ou en plantant des espèces indigènes dans des zones dégradées (33 sur 90) ; 
  • Seule12% déclarent surveiller la déforestation sur l’intégralité de leurs opérations ou chaînes d’approvisionnement (12 sur 100). 

 

Au total, les entreprises qui n’ont pas d’engagement zéro déforestation gèrent au moins 11,7 millions d’hectares de forêt tropicaleune superficie presque équivalente à celle de l’Angleterre. Comme de nombreuses entreprises ne divulguent pas la dimension des zones qu’elles contrôlent, l’étendue réelle des forêts tropicales menacées serait beaucoup plus grande. Pourtant, gouvernements, représentants de l’industrie du bois et ONG ont signé la Déclaration de New York sur les forêts en 2014, s’accordant sur la réduction de moitié de la déforestation d’ici à 2020. 

Le conseiller technique pour le secteur forestier de ZSL, Charlie Hammans, qui a dirigé l’analyse, indique que « les forêts tropicales jouent un rôle vital en tant que ‘puits de carboneElles régulent les conditions météorologiques mondiales, contiennent d’innombrables espèces et abritent 300 millions de personnesPourtant, les entreprises ne se conforment toujours pas à des standards de base en matière de reporting, contrairement à ce qui est attendu de la part du secteur. » 

Les évaluations ont révélé que d’importantes améliorations de la part des entreprises sont nécessaires pour assurer l’avenir de millions d’hectares de forêts riches en carbone. Sans protection adéquate, les forêts sont vulnérables à une rapide déforestation et dégradation, ce qui conduit souvent à des déboisements supplémentaires pour la production d’autres marchandises telles que l’huile de palme, le caoutchouc ou le cacao. 

Charlie Hammans ajoute que « le commerce mondial de bois non durable menace les moyens de subsistance des communautés autochtones et locales et l’existence d’une faune sauvage qui dépend des écosystèmes forestiers. Il accélère la perte de biodiversité et érode les protections naturelles contre les virus zoonotiques. Les entreprises devraient se concentrer sur l’identification des paysages précédemment dégradés pour le développement de nouvelles plantations, en plus d’adopter et de surveiller constamment la mise en œuvre de politiques environnementales, sociales et de gouvernance d‘entreprise. » 

La covid-19 a mis en évidence le risque de maladies zoonotiques.

La destruction et la dégradation des forêts ainsi que la perte de biodiversité dans les écosystèmes sont connues pour augmenter le risque de propagation virale et pour rendre plus probable la survenue de futures pandémies.

Alors que, dans le monde entier, le secteur forestier et les ministères en charge du commerce sont désireux de stimuler les exportations pour faire face à l’impact économique de la crise, les gouvernements et l’industrie doivent promouvoir l’amélioration des normes de durabilité et poursuivre un agenda écologique. 

Eugénie Mathieu d’Aviva Investors déclare que « la déforestation, la perte de biodiversité et le changement climatique présentent tous des risques financiers importants, non seulement pour la planète, mais aussi pour les économies, les résultats financiers des entreprisesl’épargne et les investissements. Il y a une attente de plus en plus grande de la part des entreprises de publier et mettre en œuvre une politique zéro déforestation couvrant l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement, et de mettre en place de manière transparente un système de surveillance de leurs fournisseurs. Cette analyse met en évidence non seulement les entreprises qui améliorent leur transparence, mais également les retardataires qui ne respectent pas d’engagements basiques pour la protection de ces habitats naturels essentiels. » 

En raison de la pandémie actuelle, un manque de financements met en péril l’expertise mondiale de ZSL en science et conservation de la nature. ZSL a un besoin urgent de soutien pour que ses scientifiques continuent d’étudier les maladies liées aux espèces sauvages telles que la covid-19, et afin que ses écologistes poursuivent leur travail de terrain pour protéger la faune et les écosystèmes dont nous dépendons. Pour en savoir plus : www.zsl.org/donate. 

Les évaluations complètes et détaillées de chacune des 100 entreprises de bois et de pâte à papier concernées sont accessibles via : www.spott.org/timber-pulp